Dicksonia antarctica

Dicksonia antarctica

Cet article sera consacré non pas à la description d’une espèce, Dicksonia antarctica, qui de par son immense popularité est abondamment décrite, mais à sa conservation et au choix de son implantation au jardin.

Il faut avant tout rappeler que même si Dicksonia antarctica est à juste titre réputée pour être la fougère arborescente la plus résistante au froid, pouvant  ainsi être cultivée sous notre climat tempéré, elle ne saurait être considérée comme étant entièrement rustique. Les hivers 2010 et 2012 sont venus nous ramener à cette triste réalité et nombre d’entre elles ont subi de gros dommages ou ont été anéanties.

Il ne s’agit pas pour autant de renoncer à leur culture mais de réfléchir avant d’en acquérir une, de façon à mettre toutes les chances de son côté. Une plante est un organisme vivant et non pas un objet de décoration que l’on va placer au gré de ses fantaisies. Il est bien évident que leur maintien dans des régions où les conditions climatiques sont par trop éloignées de leur habitat d’origine, que ce soit en termes de température ou d’humidité, ne pourra se faire qu’avec le recours à des artifices. La protection contre le froid sera assurée par la construction au dessus de la plante d’un abri  avec recours éventuel à un cordon chauffant, tandis qu’on remédiera au manque d’humidité dans les régions soumises aux étés secs par l’installation d’un goutte-à-goutte. Personnellement je ne suis pas une adepte de ces artifices  qui enlaidissent le jardin et font des plantes  des éternelles assistées. Je préfère les voir évoluer le plus naturellement possible, tout en restant prête à  intervenir quand les conditions deviennent trop extrêmes, je ne suis pas une marâtre non plus!

Ici Dicksonia antarctica ne fait pas l’objet d’une protection hivernale systématique, ni d’un arrosage continu pendant l’été. Mais pour pouvoir y arriver, il faut avant tout avoir soigneusement étudié les caractéristiques de son emplacement car chaque détail compte. Le plus important pour le choix du lieu de plantation est qu’il mette le plus possible la plante à l’abri des variations extrêmes de température et d’humidité, et surtout à l’abri du vent dont l’action amplifie les effets du froid et de la sécheresse. Tout cela est une affaire de bon sens mais qui ne va pas toujours de soi. J’ai ainsi le souvenir de la propriétaire d’un magnifique jardin qui m’a dit avoir renoncé à cultiver Dicksonia antarctica après l’avoir perdue au cours d’un hiver rigoureux parce qu’elle la trouvait trop frileuse. Il faut préciser qu’elle avait été plantée en plein milieu du jardin, sur une butte, et que de surcroît elle n’avait eu aucune protection. Dans de pareilles conditions, doit-on vraiment s’étonner du résultat ?

Mais revenons à ces petits détails qui vont faire toute la différence. Dicksonia antarctica supportera une exposition ensoleillée qui peut être bénéfique pendant les mois d’hiver dans la moitié nord de la France, mais il est bien évident que dans la moitié sud une exposition ombragée va s’imposer. Les branches et le feuillage, persistant ou non, d’arbres ou d’arbustes fourniront une canopée protectrice contre le froid et l’ensoleillement. Les murs et les espaces dallés permettent d’emmaganiser de la chaleur au cours de la journée qui sera restituée pendant la nuit. La protection d’un bâtiment permet de gagner de précieux degrés. Chaque détail compte, et ceux-ci cumulés permettent de créer un micro climat favorable.

L’emplacement retenu ici est plein nord, toujours plus frais de quelques degrés que le reste du jardin, même en période de canicule.  C’est d’ailleurs là que les mouches viennent chercher la fraîcheur l’été, ce qui constitue un bon indicateur. Dicksonia antarctica, plantée tout près du mur, bénéficie des calories perdues par le bâtiment. Celui-ci comporte une avancée de toit qui constitue une protection supplémentaire, mais pas au point d’empêcher la pluie d’atteindre le sol. Tout ceci permet au feuillage de rester intact jusqu’à -5, -6°. Au delà de ces températures j’enveloppe la plante au moyen d’une housse zippée et en posant un vieil oreiller sur le méristème pour le protéger. Comme j’habite dans un environnement urbain protégé, cela reste très ponctuel et peu contraignant, et surtout ne nuit pas à l’esthétique du jardin. On notera la différence entre les frondes de la saison passée et les nouvelles qui sont plus claires. Certaines personnes coupent systématiquement les anciennes frondes à l’émergence des nouvelles, voire même avant l’hivernage, mais je préfère les laisser sur la plante et ne les couper que lorsqu’elles sont fanées et ceci pour deux raisons. D’abord parce qu’elles constituent une protection non négligeable contre le foid pendant l’hiver, et ensuite parce qu’elles servent à alimenter la plante pendant la croissance des nouvelles frondes. Dans son habitat d’origine Dicksonia antarctica se comporte en persistante, il n’y a donc aucune raison pour lui infliger ce traitement cruel qui consiste à lui couper toutes ses frondes.

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