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Il n’est pas exagéré de dire qu’il existe une fougère adaptée à chaque situation rencontrée dans un jardin.
C’est bien sûr le domaine de prédilection des fougères si l’on se réfère aux origines forestière de la plupart d’entre elles.
Tout jardin possède une zone ombragée et déshéritée où rien ne semble devoir pousser. La fougère mâle (Dryopteris filix mas) peut-être la solution. Moyennant un peu d’aide à son installation sous la forme de quelques arrosages, elle s’établira durablement et résistera assez bien à la sécheresse.
Toutefois il convient de s’entendre sur la notion d’ombre !
Si les fougères préfèrent une lumière filtrée et une protection contre les rayons directs du soleil, elles réclament tout de même de la lumière pour bien se développer. Dans leur habitat naturel, la forêt, elles s’établissent généralement là où l’ombre n’est pas trop épaisse, dans les clairières où en lisière. Les forêts où l’ombre est totale comptent généralement peu de fougères, voire pas du tout.
Au jardin l’ombre peut-être prodiguée par des arbres ou des arbustes, mais on la rencontre aussi au nord des constructions, dans les cours enserrées des immeubles ou encore derrière un mur ou une clôture. Peu importe l’endroit, pourvu que la lumière du ciel soit accessible.
Pour de nombreux amateurs une rocaille ne saurait être achevée sans la présence de fougères. Elles donnent un fond de verdure indispensable pour séparer les couleurs fortes et procure des plages de repos pour le regard. Nous n’entrerons pas en détail sur la construction des rocailles, il existe quantité d’ouvrages consacrés à ce sujet.
En plus de l’affinité naturelle liant les fougères aux pierres, celles ci procurant à la fois l’humidité et le drainage qui leur sont indispensable, la rocaille est sans doute la meilleure solution pour acclimater et mettre en valeur les petites fougères alpines. Là encore il existe des fougères adaptées à l’ombre et d’autres au soleil.
Il est primordial de s’interroger sur la nature calcaire ou non des pierres utilisées. Si ce sont des pierres calcaires on se tournera bien sûr vers des fougères calcicoles ou tout au moins tolérantes au calcaire.
Parmi les petites fougères bien adaptées à la rocaille, les Woodsia originaires des régions montagneuses arrivent bien sûr en première place. Les plus petites sont Woodsia alpina et Woodsia ilvensis. Woodsia intermedia, Woodsia obtusa et Woodsia polystichoïdes, bien que plus grandes produisent aussi un bel effet en rocaille.
Les Crysopteris fragilis et Crysopteris bulbifera réclament davantage d’humidité puisqu’elles croissent naturellement près des chutes d’eau et des ruisseaux. Cryptogramma acrostichoïdes et Cryptogramma crispa apprécient la fraîcheur et réclament un sol acide.
Les Asplenium sont également de bons choix pour la rocaille. Certains apprécient l’acidité, d’autres l’alcalinité. Asplenium platyneuron est l’un des plus grands tandis que les frondes de l’Asplenium trichomanes forment presque des rosettes au ras du sol. Les scolopendres (Phyllitis scolopendrium) pourront être plantés avec succès parmi des roches calcaires. A l’inverse Blechnum penna marina ne se développera qu’en milieu acide.
Le Ceterach officinal, une espèce saxicole, est très résistant à la sécheresse grâce à la pilosité qui recouvre ses frondes et il aime le calcaire.
Enfin on peut trouver parmi les espèces généralement plus grandes des variétés minuscules adaptées à la rocaille qui leur servira d’écrin, parmi celles ci on retiendra Adiantum aleuticum ‘Subpumilum’ Polystichum setiferum ‘Congestum’ et Athyrium filix-femina ‘Minutissimum’.
Quoi de plus charmant qu’une fougère accrochée à de vieilles pierres ? Les édifices anciens tels que les murs, les ponts et les puits constituent un habitat de choix pour ces plantes qui se sont établies spontanément.
Cultiver les fougères dans les murs requiert davantage de technicité que de les installer dans une rocaille, bien que de nombreuses espèces soient adaptées aux deux types d’habitat. Les passionnés pourront entreprendre d’ériger des murs pour y cultiver des espèces difficilement adaptables dans d’autres conditions comme c’est le cas pour le Ceterach officinarum.
Les fougères qui se sont établies spontanément dans un mur existant poussent généralement dans un mélange de cailloutis calcaires et de mortiers et non pas dans de la terre. Si l’on souhaite ériger ce genre de structures au jardin, il faudra en tenir compte au moment de préparer le substrat de plantation. Un mélange pauvre en matière organique auquel on apportera de la roche volcanique ou du gravillon de granit, éventuellement complété par un amendement calcaire pour les fougères calcicoles sera approprié. Des arrosages réguliers au début aideront à l’installation des plantes.
Les espèces les mieux adaptées sont : Asplenium adiantum nigrum, Asplenium ruta-muraria, Asplenium trichomanes, Ceterach officinarum, Phyllitis scolopendrium. Mais cette liste n’est pas exhaustive et bien d’autres fougères sont possible.
Des fougères dans une souche
Si vous n’avez qu’un balcon ou une cour dans laquelle il vous est impossible de faire des plantations et que vous êtes tombés sous le charme des fougères, ne désespérez pas les fougères peuvent très bien être cultivées en conteneur.
Les raisons de cultiver ainsi les fougères sont nombreuses : mise en valeur d’un spécimen rare, incompatibilité avec la terre d’origine, plante invasive, espèce frileuse devant être abritée l’hiver. Les fougères peuvent aussi être utilisées comme plante accent (Kusa-mono) pour accompagner la présentation des bonsaï, plantées dans une petite poterie elles auront tendance à se nanifier.
On peut aussi tout simplement vouloir cultiver les fougères en conteneur pour le plaisir de constituer une collection que l’on pourra déplacer à loisir au fil des saisons.
Pour le choix du contenant toutes les fantaisies sont permises !
Les fougères alpines seront bien mises en valeur dans des auges rustiques. Attention toutefois à ne pas planter de fougères calcifuges dans un pot en pierre reconstituée, elles risqueraient de ne pas apprécier la diffusion du calcaire dans le substrat. Il faut prendre garde également à ne pas choisir un pot surdimensionné car il y aurait risque d’asphyxie pour les racines. Si le contenant est trop grand pour la fougère et qu’on tient tout de même à l’utiliser, il faudra alors lui trouver des plantes compagnes. A défaut, y renoncer pour un pot plus petit, les rempotages se faisant régulièrement dans des pots de plus en plus grand.
Un substrat à la fois riche et drainant maintiendra le contenant et le contenu en bonne santé pendant des années.
On pourra en préparer un soi même selon la recette suivante : une part de tourbe, une part de roche volcanique bien lavée, un peu d’écorce pour le drainage et quatre parts d’un substrat de culture commercialisé. Il est très important de passer un jet d’eau puissant sur la roche volcanique afin de la débarrasser des particules qui sans quoi colmateraient le substrat, le privant des poches d’oxygène indispensables à la bonne santé des racines.
Se méfier aussi d’un excès de tourbe qui une fois sèche est très difficile à ré-hydrater. En été, placer une soucoupe sous le contenant pour prévenir le dessèchement et éviter que l’eau d’arrosage ne s’échappe avant d’avoir pu ré-hydrater la potée. Pour conserver l’humidité, on peut disposer sur le dessus des billes d’argile ou du gravier de marbre pour les fougères calcicoles. En hiver sauf en cas de période de sécheresse prolongée, l’arrosage est superflu.
Une attention particulière sera apportée à la fertilisation des fougères cultivées en conteneur, faute de quoi elles épuiseront rapidement leur substrat et montreront des signes de carence avec une croissance ralentie et une perte de coloration du feuillage. L’application au printemps d’un engrais liquide soutiendra la croissance. Choisir un ferilisant à la composition équilibrée et l’appliquer à la moitié de la dose recommandée par le fabricant. Les engrais retard à libération progressive seront les bienvenus et dureront de longs mois. Mais il faut savoir que leur diffusion est liée à la chaleur et n’interviendra qu’à la belle saison. Veillez à ne pas les appliquer sur la couronne ou les crosses afin d’éviter tout risque de brûlure ou de déformation. Ne plus apporter d’engrais en fin d’été, les jeunes pousses étant sensibles au froid.
Si les fougères apprécient beaucoup cet élément vital qu’est l’eau, elles préfèrent généralement pousser dans un sol bien drainé. Toutefois certaines espèces atteindront un développement optimal dans un sol humide à marécageux supportant une immersion occasionnelle.
Les abords des bassins des ruisseaux et des mares constituent un habitat de choix pour les Athirium, Osmunda, Adiantum et Phyllitis. Les Matteucia poussent naturellement près des ruisseaux et prospèrent dans un sol humide. Osmunda cinnamomea et Osmunda regalis apprécient les zones de marécage.
Dans la Nature, on trouve les Onoclea sensibilis, Thelypteris palustris et Dryopteris carthusiana dans des zones de marécage surélevés.
Dryopteris goldiana pousse également près de l’eau.
S’il demeure toujours possible de cultiver ces amatrices d’humidité dans des zones plus sèches du jardin, il ne faut pas perdre de vue qu’elles n’y atteindront jamais la même luxuriance.
On s’efforcera donc de reproduire au moyen d’aménagements paysagers les conditions de vie les plus proches de leur habitat d’origine.
Il est à noter qu’il existe aussi des fougères aquatiques. Les Marsilea poussent en bordure des cours d’eau tandis que les Salvinia et Azolla flottent à la surface de l’eau.
Comme nous avons pu le voir précédemment en traitant des zones d’ombre, les fougères à l’instar des autres végétaux ont besoin de lumière pour se développer. Si la plupart d’entre elles apprécient une certaine quantité d’ombre, d’autres accepteront volontiers une exposition ensoleillée moyennant un sol raisonnablement frais.
C’est le cas des Matteucia, Onoclea, Thelypteris palustris, Osmunda et de toutes celles qui se développent spontanément dans un sol humide. On pourra également cultiver au soleil les Dryopteris affinis, Dryopteris filix-mas, Athyrium filix-femina, Dennstaedtia punctilobula et les autres espèces qui se rencontrent communément dans les emplacements dégagés.
Dans tous les cas les chances de réussite sont plus grandes si on dispose d’un sol suffisamment frais et bien pourvu en matière organique.
Aussi surprenant que cela puisse paraître au premier abord, il existe des fougères dans les zones désertiques.
Ces espèces, dites xérophytes, comme leur nom l’indique, apprécient la chaleur et la sécheresse. Dans leur habitat naturel elles offrent un spectacle unique quand elles voisinent avec les cactées.
Leur apparence est en totale contradiction avec l’image stéréotypée de la fougère. Pour se prémunir contre l’évapotranspiration, la plupart d’entre elles sont revêtues d’une pilosité et d’écailles, tandis que d’autres sont recouvertes d’une couche de cire farineuse blanche ou jaune.
Aux yeux des amateurs de xérophyte, ces traits distinctifs contribuent énormément à la beauté et au charme de ces fougères.
Comme on pouvait s’y attendre, ces habitantes des déserts ne sont pas facilement acclimatable aux jardins.
Il leur faut un sol minéral avec un excellent drainage, un emplacement dégagé où l’air puisse circuler et surtout une protection contre l’humidité hivernale qui risque fort de leur être fatal. Les arrosages seront très réduits et ne devront pas toucher le feuillage.
Dans l’ensemble leur culture est à réserver aux amateurs éclairés de rocaille. On peut aussi tenter la culture en conteneur.
Les espèces les plus faciles sont Cheilanthes tomentosa, Cheilanthes fendleri, Cheilanthes lanosa, Pellaea falcata.
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