Le Vallon des Brumes à Chaumont- sur- Loire
Samedi 1 septembre 2012Pour une raison que je ne m’explique pas, bien que Chaumont-sur-Loire ne soit pas loin de chez moi, je n’avais pas jusqu’à maintenant trouvé le temps de m’y rendre pour découvrir le Festival International des Jardins. Aussi cette année avais-je décidé de remédier à ce qui s’apparente à une grave lacune pour quelqu’un de passionné par l’art des jardins. Cette journée du 15 aout qui s’annonçait grise et fraîche me semblait idéale pour partir à leur découverte. En effet je déteste visiter des jardins sous un soleil de plomb et une chaleur écrasante car les végétaux ont rapidement une allure fatiguée de même que les visiteurs. Si j’étais très curieuse de découvrir les jardins éphémères dont le thème cette année était ” Jardins des délices, jardins des délires ” , j’étais encore plus curieuse de découvrir l’ ambiance tropicale du célèbre Vallon des Brumes , créé par Patrick Blanc.
Pour bien me préparer à cette visite j’avais pris soin de relire la préface que Patrick Blanc avait dédié au dernier livre de son ami Jean- Paul Pigeat, L’esprit du Japon dans nos jardins . Jean- Paul Pigeat, rappelons le, était le créateur du Festival International des Jardins , et c’était sous sa direction que le Vallon des Brumes a vu le jour. Mais écoutons ce que dit Patrick Blanc à ce sujet. ” Jean-Paul a toujours su à quel point la limite était floue entre maîtriser ou recréer la nature. E t j’en suis un des heureux bénéficiaires, puisqu’il m’a toujours accordé sa totale confiance, même dans les projets les plus fous, comme celui de baser l’ambiance du Vallon des Brumes de Chaumont sur la présence d’espèces de la famille des Urticacées : c’est vrai qu’au Japon, les Boehmeria, Elatostema et autres Pilea nous émerveillent par leur architecture foliaire, qui nous ferait presque aimer sa cousine, l’ Ortie.
Bien qu’elles rendent de multiples services à l’humanité, je dois avouer ne pas être fan des Urticacées, mais c’était sans à priori et avec curiosité que je m’apprêtais à découvrir leur potentiel ornemental dans un tel décor. J’étais aussi impatiente de voir comment se portaient les impressionnantes Dicksonia antartica qui faisaient partie des plantations d’origine.
La descente vers le Vallon des Brumes et ses platelages en bois sont magnifiques. Les fougères plantées sur le talus qui sont des espèces rustiques se sont bien développées et profitent du bon drainage procuré par la pente. Avec leur système racinaire fin et dense, elles retiennent la terre.
L’ancienne glacière qui doit bien faire cinq mètres de profondeur abrite au fond une sculpture, nommée L ‘oeil de l’ oubli, qui est une oeuvre d’ Anne et Patrick Poirier. Les parois empierrées et humides ont vu le développement spontané de fougères indigènes familières de ce type d’habitat, Asplenium trichomanes et Asplenium scolopendrium.
Les enrochements sont admirables de naturel comme en témoigne cette petite cascade. Les mouvement de l’eau,combinés à un système de brumisation qui fonctionne par intervalles réguliers créent une ambiance humide et délicieusement rafraîchissante par temps chaud. La position encaissée des lieux contribue à retenir l’humidité ambiante et créé un micro climat. L’ épaisseur de la couche de mousse sur la lanterne japonaise en est un bon indicateur.
Les fougères sont ici les reines du décor.
Malheureusement les plus belles représentantes, les fougères arborescentes, Dicksonia antartica, ont disparu, probablement fauchées par le froid , chose qui était prévisible. Je n’ai pas non plus pu admirer Boehmeria tricuspis qui ne semble pas s ‘être naturalisée dans un environnement peut-être trop ombragé pour elle. Il n’ y avait même pas de trace de notre brave ortie commune, ce qui tendrait à laisser penser que le lieu n’ était peut-être pas propice aux Urticacées.
La promenade dans le Vallon des Brumes se termine par un superbe pont en ciment armé dans le pur style de la Rocaille. Quel dommage que cet artisanat tende à se perdre !
Pour résumer cette visite, le Vallon des Brumes est un endroit à l’ atmosphère mystérieuse et dépaysante. Le travail d’enrochement remarquable et impressionnant donne un résultat très naturel. Malheureusement je n’ai pas trouvé l ‘atmosphère tropicale, qui était celle des débuts, et à laquelle je m’ attendais , en raison de la disparition de nombreuses plantes phares. Peu à peu la nature reprend ses droits et élimine impitoyablement les plantes intruses et le lierre progresse, ce qui est après tout logique. Finalement ce sont bien les fougères rustiques qui ont le mieux su s’adapter à cet environnement. Au fil des années une atmosphère plus sauvage s’est installée dans ces lieux qui ne semblent pas bénéficier d’un entretien aussi suivi que le reste du domaine. On pourrait imaginer une plus grande diversité végétale et les abords du ruisseau pourraient fort bien accueillir des plantes de marécage par exemple.
Si vous avez l’occasion de vous rendre à Chaumont-sur-Loire ne manquez surtout pas ce Vallon des Brumes.