Archive pour novembre 2013

Asplenium scolopendrium ‘Muricatum’

Samedi 30 novembre 2013

Asplenium scolopendrium 'Muricatum'

Asplenium scolopendrium ou Phyllitis scolopendrium comme on l’ appelle encore parfois en horticulture, la banale  fougère langue de cerf a engendré de nombreuses variétés très intéressantes dont celle-ci, Asplenium scolopendrium ‘Muricatum’.

Ce nom de variété ‘Muricatum’ peut sembler  étrange au premier abord. J’ en ai trouvé la signification dans un petit ouvrage très utile de Jimmy Dyce, Fern names and their meanings, édité par la British Pteridological Society. On y apprend que  ‘Muricatum’ fait référence à la surface rugueuse d’ un mur et à ses aspérités. De fait au lieu d’être lisses, les frondes présentent sur leur face supérieure des plis formant des crêtes et qui ne correspondent pas à l’ empreinte des rangées de sores comme on pourrait le penser, celles-ci étant plutôt disposées vers l’ apex de la fronde.

Il existe une variété nommée Asplenium scolopendrium ‘ Undulatum Muricatum’  résultant du croisement entre les variétés ‘Undulatum’ et ‘Muricatum’ et qui se distingue par des frondes aux marges nettement ondulées, ce qui n’ est pas le cas de ma plante dont la marge des frondes est lisse. J’ en ai trouvé une illustration très ressemblante dans l’ ouvrage de Druery, British Ferns and their varieties. Signalons au passage que la plante était alors connue sous le nom de Scolopendrium vulgare ‘Muricatum’.

Pour un nouvel exotisme au jardin de Jean-Michel Groult

Samedi 23 novembre 2013

Il y avait  longtemps que je n’ avais pas présenté un livre et celui-ci est un vrai coup de coeur. Parmi la jungle de tous les ouvrages qui paraissent sur le jardinage et les plantes, bien peu présentent un véritable intérêt. Ce n’ est pas le cas de cet ouvrage de Jean Michel Groult, Pour un nouvel exotisme au jardin, qui suscite une profonde réflexion sur notre relation aux végétaux exotiques, au jardin et plus globalement au monde.

Cet attrait pour l’ exotisme dont on peut supposer qu’ il n’ est pas inné en nous remonte à la fin du Moyen Age avec les premières explorations. Si la quête de l’ ailleurs, de l’ exotisme qui selon Bertrand Levy  ‘présuppose une dose de confiance, de bienveillance et de curiosité pour l’ autre et le différent’ a permis à l’ Europe de s’ ouvrir sur le reste du monde, la noblesse de la démarche a vite cédé le pas à la rapacité face à des intérêts commerciaux évidents, au pillage systématique des richesses nouvellement découvertes, puis à la colonisation qui s’en est ensuivie.

Loin des clichés touristiques la plante exotique traîne un lourd passé derrière elle.

La découverte de nouveaux horizons a fait évoluer notre conception du jardin. Du jardin médiéval enclos, renfermé sur lui-même, l’ hortus conclusus, nous sommes passés au jardin cosmopolite où se côtoient des plantes originaires de tous les continents, une invitation au voyage immobile. Les plantes exotiques qui dans le passé étaient réservées à une élite fortunée se sont démocratisées et sont à présent accessibles à tous. Cet engouement a malheureusement pour conséquence le risque de raréfaction pour certaines espèces prélevées dans la nature car leur développement trop lent les rendraient trop couteuses à produire en culture, on pensera par exemple aux plantes à caudex. L’ introduction de plantes exotiques  peut également faire encourir un danger pour nos espèces indigènes au cas où elles viendraient à s’ échapper des  jardins et à se montrer invasives.

Face à ces enjeux écologiques quel est l’ avenir des plantes exotiques dans nos jardins ?  Cette quête passionnée et parfois déraisonnable quand elle traduit par le déploiement de moyens disproportionnés pour maintenir péniblement en vie certaines exotiques en dépit d’ un climat manifestement défavorable est-elle tenable à long terme ? Et puis ne risque t-on pas d’ assister à une standardisation des jardins dont le déjà classique trio palmier phormium et olivier est un funeste présage ? Trop d’ exotisme tue l’ exotisme et au train où vont les choses la présence d’ un noisetier ou d’ un sureau dans nos jardins fera bientôt  figure d’ incongruité. Déjà dans les jardineries, les végétaux considérés comme gélifs représentent la moitié des plantes mises en vente, ce qui est proprement ahurissant dans un pays au climat tempéré. Pourtant il existe quantité de plantes pouvant être qualifiées d’ exotiques en raison de leur origine géographique éloignée qui se montrent rustiques sous notre climat.

Ceci signifie t-il pour autant que nous devions renoncer au jardin exotique parce qu’il serait un luxe trop couteux au regard de notre environnement ? Non car notre besoin de rêve et d’ évasion seront toujours plus forts, mais le jardin exotique de demain sera forcément différent. Pour découvrir les 7 chemins imaginés par Jean Michel groult qui y mènent, je vous invite à lire ce livre passionnant et rempli d’ humour.

Microsorum punctatum ‘Mermaid Tail’

Samedi 16 novembre 2013

Microsorum punctatum 'Mermaid Tail'

Microsorum punctatum est une espèce largement répandue dans les régions tropicales, de l’ Afrique à l’ Asie, à l’ exception du continent américain. Elle se développe en formant de larges peuplements en milieu rocheux, en situation à la fois humide et très ensoleillée. Si l’espèce type possède des frondes simples et entières, la mise en culture de la plante a donné naissance à de nombreuses formes, parmi lesquelles il n’ est pas toujours facile de s’ y retrouver, et ceci d’ autant plus qu’ elles restent très peu diffusées en Europe.

Cette plante qui m’ a été vendue sous le nom de Microsorum punctatum ‘Mermaid Tail’ provient de Thaïlande où se trouvent de nombreux collectionneurs acharnés, à la recherche de toutes les variations possibles et parfois à la limite de l’ étrange ! Pour en avoir un aperçu  il suffit de se rendre sur la page consacrée aux cultivars de Microsorum punctatum du site FernSiam  ICI .

Sur la photo, ma plante encore jeune n’ a pas encore terminé de développer l’ extrémité de ses frondes excessivement découpées qui lui ont valu son nom de cultivar de queue de sirène. Ce n ‘est pas une plante facile à cultiver sous notre climat, surtout en hiver, car elle est très exigeante en matière de luminosité et de température. Il est toujours surprenant de constater les différences de comportement des plantes tropicales face aux températures, suivant les genres auxquelles elles appartiennent. J’ ai l’ habitude de sortir toutes mes fougères tropicales au jardin durant l’ été ce qui leur fait le plus grand bien, pour ne les rentrer qu’ au cours du mois d’ octobre. J’ ai pu ainsi constater de grandes différences face au rafraichissement des températures et aux premières pluies automnales. Si le feuillage de Microsorum punctatum ‘Mermaid Tail’ s’ abîme rapidement dans ces conditions, en revanche , pour ne choisir qu’ un exemple, celui de Microgramma nitida reste impeccable, et je soupçonne même qu’ il pourrait supporter des températures encore plus basses, alors qu’il s’ agit d ‘une fougère originaire d’ Amérique Centrale, réputée encore plus frileuse que sa consoeur asiatique. Bien sûr on ne peut pas se baser sur l’ exemple d’ une seule plante, mais je me demande quand même si le résultat  de ces mutations en culture ne conduit pas à des plantes plus faibles et fragiles, donc difficiles à maintenir en bon état. Pour s’ en convaincre il suffit de comparer les cultivars avec l ‘espèce type, on  n’a vraiment plus l’ impression d’ avoir affaire à la même plante ! Je ne pense pas renouveler trop souvent ce genre d’ expérience, préférant m’ en tenir désormais aux espèces types, ce qui reste à voir …

Blechnum mochaenum

Samedi 9 novembre 2013

Blechnum mochaenum

Cela m’ a pris plusieurs années avant d’ être en mesure de pouvoir identifier ce Blechnum, faute de frondes fertiles. A ma grande surprise, au début du printemps de cette année, il en a produit plusieurs. Comme quoi avec les plantes il faut savoir se montrer patient et ne jamais désespérer !

Cette fois le doute n’ est plus permis il s’ agit bien de Blechnum mochaenum.  Cette espèce a fait l’ objet d’ une révision récente et il apparaît désormais qu’ elle comporte 3 sous espèces qui sont :

Blechnum mochaenum subsp.  mochaenum

Blechnum mochaenum subsp.  squamipes

Blechnum mochaenum subsp.  achalense

L’ espèce endémique à l ‘ Ile de  Juan Fernandez qui était auparavant considérée comme étant une variété de l’ espèce, connue sous le nom de Blechnum mochaenum var. fernandezianum, est désormais considérée comme étant une espèce à part entière nommée Blechnum fernandezianum.

Blechnum mochaense est une espèce dont l’ aire de distribution principale recouvre le Chili et l’ Argentine. Faute de documentation suffisante, je ne peux pas déterminer précisément à quelle sous espèce ma plante appartient. Si dans son habitat d’ origine la plante se développe dans des lieux humides et ombragés, ici elle se comporte mieux au soleil. Je retrouve ce même  phénomène inexpliqué avec toutes les espèces de Blechnum que je cultive. A chaque fois que j’ ai tenté de les planter à un emplacement totalement ombragé, ils ont lentement décliné jusqu’à ce que je les déplace vers un emplacement ensoleillé où ils ont fini par récupérer et prospérer. Serait-ce parce qu’ il s’agissait d’ espèces de Blechnum originaires de l’ hémisphère sud ? Mystère.

Hedychium greenii

Samedi 2 novembre 2013

Hedychium greenii

Hedychium greenii est une plante vivace rhizomateuse appartenant à la famille Zingiberaceae. Cette espèce native des contreforts de  l’ Himalaya et du Nord Est de l’ Inde a été découverte poussant dans une région de collines au Sud Ouest du Bhoutan par H.F. Green en 1911. Après avoir été cultivée au Jardin Botanique de Calcutta la plante fut introduite en Grande Bretagne. Dans son habitat d’ origine Hedychium greenii se développe dans des terrains humides, voire marécageux, en lisière de forêt, à une altitude variant de 900 à 1500 mètres.

De ces conditions, on peut déjà en déduire une relative rusticité, estimée jusqu’à -10° avec un bon paillage. A titre d’ exemple ma plante qui avait été mise en place à l’ automne 2011 a parfaitement supporté la longue période de gel de février 2012. En revanche la résistance à la sécheresse est tout autre, et il vaut mieux renoncer à cette plante dans les régions aux étés très chauds et secs car le feuillage est de plus sensible aux brûlures du soleil. Pour résumer les besoins de Hedychium greenii, il lui faut un emplacement à la mi-ombre, un sol bien fertile et suffisamment pourvu en humus, maintenu frais, conditions partagées par nombre de fougères ce qui m’ a conduit à inclure cette plante au nombre des plantes compagnes.

Contrairement à nombre d’ espèces du genre, les fleurs de Hedychium greenii sont parfaitement inodores, mais ce serait bien là le seul reproche que l’on pourrait faire à cette plante qui se rattrape largement par la beauté du coloris corail foncé de ses fleurs, et par l’opulence de son feuillage dont le revers  est d’une teinte pourpre inhabituelle. La floraison qui se produit tardivement survient à l’ automne à condition que les températures restent assez élevées. Dans les zones plus favorisées, où les premières gelées surviennent tardivement, Hedychium greenii développe sur les inflorescences fanées des plantules vivipares qui lorsqu’elles viendront à toucher le sol pourront s’ enraciner et donner naissance à une nouvelle plante.

Pour en savoir plus sur les zingibéracées je recommande la lecture de Hardy Gingers paru chez Timber Press.