Novembre est le mois de l’année où les fougères reçoivent leur apport annuel de matière organique sous forme de feuilles.
Quand on habite en ville et que le jardin est trop petit pour accueillir des arbres, cette ressource est difficile à trouver. Heureusement il reste les arbres de la voie publique qui peuvent pallier à ce manque, et quand on a la chance d’avoir près de chez soi une allée plantée de tilleuls, on profite de cette manne.
Pour le paillage, toutes les feuilles ne se valent pas. Si les feuilles de chêne ou de platane sont de décomposition très lente, en revanche celles de tilleul sont idéales pour pailler les massifs car elles fournissent une couverture légère et aérée, facile à étaler et se décomposant rapidement.
Comme le jardin abrite également des plantes vivaces frileuses, une couverture isolante multicouches est composée de la façon suivante : déchets de taille, journaux et cartons, compost à demi-mûr, le tout recouvert par une épaisse couche de feuilles.
Pour le ramassage des feuilles, un diable rend la tâche moins pénible pour effectuer les allers-retours entre le lieu de collecte et le jardin, les sacs de feuilles bien remplis pouvant être lourds. Le port de gants épais est vivement recommandé pour éviter les mauvaises surprises.
Collecter des feuilles sur la voie publique est une expérience instructive sur le niveau de conscience écologique des citadins, et honnêtement, après plusieurs années de pratique, je dois dire qu’il n’est pas très élevé. On s’expose à des regards étonnés et à des remarques amusées du style ” Eh bien vous n’avez pas fini si vous ramassez toutes les feuilles ! “, quand ce ne sont pas des regards dédaigneux, voire carrément soupçonneux. De temps en temps, un passant un peu plus curieux que les autres me demande ce que je vais faire avec toutes ces feuilles, et là je me fais un devoir de lui vanter les vertus fertilisantes insoupçonnées des feuilles mortes qui décidément ne sont pas de vulgaires déchets tout juste bons à porter à la déchetterie, et sur l’importance de la couverture du sol. Généralement je m’arrête à cette étape de la réponse, de peur de perdre mon auditeur en route avec l’explication de la vie organique dans le sol.
Tout ceci demande des efforts, efforts largement récompensés par la modification en surface de la terre du jardin qui est devenue une matière riche en humus, grasse, tiède et aérée dans laquelle les fougères plongent avec délice leurs fines racines. D’ailleurs, les merles qui ne se trompent pas viennent y chercher les nombreux vers nécessaires au nourrissage de leurs petits. Voilà de quoi satisfaire tout le monde !