Archive pour la catégorie ‘Non classé’

Woodwardia unigemmata

Samedi 16 décembre 2017

Woodwardia unigemmata

Si de façon générale la coloration rouge vif  du jeune feuillage est plutôt l’apanage des espèces de Blechnacées tropicales,  elle est aussi présente chez certaines espèces rustiques en zone 8 comme ici Woodwardia unigemmata. En effet dans les zones tropicales où les plantes sont très exposées  à un fort ensoleillement, la teinte rouge que prend parfois le feuillage constitue une protection.  Pour pouvoir se colorer ainsi les frondes devront être exposées à une certaine durée d’ensoleillement, mais pas trop sous peine de subir des brûlures. L’emplacement idéal sera donc situé au soleil le matin  et passant à l’ombre aux heures les plus chaudes de la journée. A un emplacement totalement ombragé la coloration du feuillage sera plus fade.

Woodwardia unigemmata doit son nom d’espèce à la présence, au revers de la fronde, près de l’apex, d’ une ou parfois plusieurs bulbilles. Chez Woodwardia orientalis, ces bulbilles produites en grand nombre se développent sur l’ensemble de la face supérieure de la fronde. Il est à noter une moindre coloration et une plus faible rusticité chez cette dernière espèce.

Fascicularia bicolor a enfin fleuri !

Samedi 21 octobre 2017

Depuis le temps que j’attendais cet évènement … le miracle s’est produit la semaine dernière.
Les signes avant coureurs d’une floraison imminente étaient déjà là depuis plusieurs semaines puisque le feuillage avait revêtu une couleur écarlate

Fascicularia bicolor

Avant de donner ça

Fascicularia bicolor

Ces photos redonneront peut-être espoir aux jardiniers qui tout comme moi pensaient qu’il était impossible de voir fleurir cette broméliacée en dehors d’un climat franchement océanique comme celui du littoral breton. Je ne suis pas sûre de pouvoir reproduire ce résultat à coup sûr tous les ans mais je peux quand même livrer quelques observations.

Contrairement aux apparences Fascicularia bicolor n’est pas une plante xérophyte. Bien que dans son habitat naturel, au Chili, elle vive  sur les falaises maritimes, elle bénéficie de beaucoup d’humidité grâce aux embruns. Inutile d’espérer la voir fleurir si on la traite comme une agave ou un cactus.

Il ne faut pas non plus croire résoudre le problème en la plantant à l’ombre. Elle n’y fleurira pas, j’ai déjà essayé, car c’est une plante de milieu ouvert et non pas une plante d’ombre

Nous voilà donc avec une plante assez frileuse, demandant un bon drainage, une exposition ensoleillée et de l’humidité. La quadrature du cercle en somme ! Pour toutes ces raisons, j’ai renoncé à cultiver Fascicularia bicolor en pleine terre car même si elle se développait bien, la touffe s’accroissant d’année en année, je n’ai jamais obtenu de floraison, faute d’une humidité suffisante en plein été. J’ai donc pris la décision de diviser la souche et de la replanter dans des pots. Au cours de l’ été ceux-ci ont bénéficié de l’arrosage automatique mis en place pendant mon absence pour les fougères et à mon retour, ô miracle, le feuillage avait rougi. En plus du facteur humidité, le regroupement avec d’autres broméliacées a peut-être favorisé la floraison.

Pour découvrir les broméliacées je recommande la lecture de Bromeliads for the Contemporary Garden de Andrew Steens. les photographies sont à tomber !

Les rencontres botaniques de Branféré

Vendredi 9 juin 2017

Les rencontres botaniques de Branféré qui se sont tenues les 4 et 5 juin se sont articulées autour d’un noyau dur de fous de plantes, chaque intervenant ayant partagé ses connaissances et contribué à la prise de conscience de l’étonnante diversité du monde végétal.

Sarah Cardinal  nous a fait découvrir la plus grande fleur du monde végétal, la rafflésie, menacée dans son milieu naturel, et les actions qui sont menées pour la préservation de l’espèce.

Sarah cardinal

Gilbert Cudennec, collectionneur et passionné de bambous, était venu avec une petite partie de ses plantes et nous a montré des cannes de toute beauté.

Canne de bambou

Canne de bambou

Canne de bambou

Christian Monnet, grand voyageur devant l’éternel et découvreur de plantes, nous a montré les photos de son dernier voyage en Equateur. Que de plantes sublimes et inconnues !

Yves Philippot et l’équipe des jardiniers de Branféré ont fait un travail remarquable pour la mise en valeur des fougères sur le stand.

Stand des fougères

Stand des fougères

Stand des fougères

Merci à Yves Philippot, organisateur de ces rencontres botaniques qui furent aussi de belles rencontres humaines.

Yves Philippot

Un grand merci également à tous les participants que je n’ai pas pu nommer ici. Merci à toi Hervé, venu renforcer la Team Fougères. Le virus des fougères est décidément contagieux, la preuve, plusieurs personnes sont reparties avec des fougères !

Pyrrosia subfurfuracea

Samedi 9 avril 2016

Pyrrosia subfurfuracea

Pyrrosia subfurfuracea est une fougère dont l’aire de distribution recouvre la Chine, le Bhoutan, l’ Inde, le Laos et le Vietnam. Elle se rencontre principalement en épilithe, le plus souvent sur des roches calcaires, à l’ombre mais parfois aussi en plein soleil. On la rencontre occasionnellement en épiphyte, en forêt ou dans les ravins.

Le rhizome est court à légèrement allongé. Les frondes monomorphiques sont portées par un stipe aussi long que le limbe. Progressivement atténué à la base avec un apex plus ou moins acuminé, le limbe atteint sa largeur maximale dans son milieu. Les nervures secondaires sont distinctes, les tertiaires formant des aréoles régulières, anastomosées avec nervilles incluses ramifiées. Les hydathodes bien visibles sont répartis sur l’ensemble du limbe. L’indumentum dimorphique est composé d’une couche supérieure blanchâtre, fugace à persistante, fine à dense, de poils aciculaires aux rayons disposés en étoile, mélangée à une couche inférieure de poils laineux stellés. Les sores disposés à l’apex de la fronde sont très regroupés et superficiels, formant un schéma plus ou moins bien défini.

La rusticité de cette espèce reste à établir mais il est probable, compte tenu de ses origines, qu’elle se montre meilleure que celle des espèces nettement plus tropicales.

Liriope muscari ‘Variegata’

Samedi 7 novembre 2015

Liriope muscari 'Variegata'

S’il existe une plante incontournable dans un jardin ombragé, c’est bien celle-ci. Genre proche d’ Ophiopogon, Liriope est également originaire de l’ Asie de l’ Est. Il est assez difficile de dire  de combien d’espèces est composée la famille Liriope puisque nombre d’entre elles  ont été transférées dans le genre Ophiopogon. Cependant l’espèce Liriope muscari reste maintenue dans le genre Liriope.

L’ espèce type qui est originaire de Chine, du Japon et de Taïwan a été supplantée dans nos jardins par ses nombreux cultivars, prisés autant pour leurs fleurs dont les teintes varient du blanc au violet soutenu, que pour leurs feuillages variés qui vont du presque blanc au vert le plus soutenu, en passant par différents panachages. Enfin bref, le choix est immense et on trouvera toujours une plante à son goût, d’autant plus qu’elle sait s’adapter à tous types de sols et d’expositions. Si on ajoute à ce tableau déjà flatteur que le feuillage est en plus persistant, on obtient une plante proche de la perfection !

Comme son nom l’indique Liriope muscari ‘Variegata’ possède un feuillage panaché de jaune qui forme un contraste assez inattendu avec la floraison violette. Cet ensemble détonnant demande à être entouré de feuillages de teinte sobre, sinon gare à l’overdose avec d’autres plantes à feuillage ou à floraison vivement colorées. Elle est ici plantée en compagnie de  Polypodium vulgare ‘Bifido-cristatum’.

Le collectionneur de l’ombre

Samedi 20 juin 2015

Le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire a décidé pour cette édition 2015 de mettre en avant la diversité végétale en choisissant pour thème “Jardins extraordinaires, jardins de collection”. Pour me rendre régulièrement à Chaumont depuis quelques années, je peux dire que le cru 2015 est une vraie réussite, dans le sens où cette année le végétal est particulièrement mis à l’honneur, ce qui n’a pas toujours été le cas. Mais avec un jury présidé par Patrick Blanc, la botanique était bien défendue !
De la diversité végétale il y en a pour tous les goûts. Certains visiteurs seront attirés par les couleurs flamboyantes des collections de bougainvillées et de pélargoniums, d’autres par l’exotisme des palmiers, d’autres encore par l’étrangeté du monde des plantes carnivores. Mais à côté de ces collections de plantes spectaculaires, il y en a d’autres consacrées à des plantes plus modestes, si modestes que nous passons souvent à côté d’elles, sans même leur prêter attention, quand nous ne les traitons pas d’indésirables. Parmi ces illustres inconnues, j’ai particulièrement apprécié les collections de trèfles, de mousses et bien sûr de fougères. Car oui en effet, les fougères bien représentées sur l’ensemble des jardins, sont les vedettes de l’un d’entre eux. Ce jardin qui porte le numéro 24 s’intitule Le Collectionneur de l’ Ombre.

L’histoire de ce jardin est celle d’une cargaison de fougères, en provenance des quatre coins de la planète, qui ne sera jamais récupérée par son destinataire. Le personnel de l’aéroport pensant avoir à faire à une précieuse collection de plantes rares,commandée par un collectionneur ou un botaniste, va stocker les caisses sur des rails métalliques, en attendant que le destinataire vienne récupérer la marchandise. Mais le temps passe, et peu à peu, la nature reprenant ses droits, les plantes vont chercher à s’échapper des caisses malmenées pendant le transport.
Dès l’entrée du jardin, le visiteur est prévenu, il pénètre dans le royaume des fougères, accueilli par sa majesté Dicksonia antarctica


Dicksonia antarctica

Un peu plus loin Cyathea cooperi


Cyathea cooperi

La zone de marécage avec dans le fond une grosse souche d’ Osmunda regalis


Osmunda regalis

Gros plan sur un gros sujet de Blechnum tabulare, qui au vu de la taille du stipe doit être bien âgé. Noter le système d’irrigation retenu pour la maintenance du jardin.


Blechnum tabulare

Un magnifique sujet de Cibotium glaucum dont le revers des frondes à l’étonnante teinte bleutée ressemble à s’y méprendre à celui de Lophosoria quadripinnata. D’ailleurs je me suis laissée prendre au piège !


Cibotium glaucum

Clair obscur sur fronde de Niphidium crassifolium



Niphidium crassifolium

Gros plan sur une épiphyte, Aglaomorpha coronans



Aglaomorpha coronans

Structure métallique et caisses éventrées, la nature reprend ses droits dans ce milieu hostile qu’est le tarmac d’un aéroport


Jeune fronde de Woodwardia orientalis. Noter le soin minutieux apporté à l’étiquetage, joliment réalisé.


Woodwardia orientalis

Exemple de variégation chez les fougères, Coniogramme emeiensis


Coniogramme emeiensis

Jeux d’ombre et de lumière obtenus par les ombrières, les toiles tendues et ultime raffinement, la tôle perforée avec un motif de fronde de fougère


Un grand merci aux créateurs de ce jardin, Yves Philippot et Antoine Ruellan, ainsi qu’à toute l’équipe de bénévoles qui a oeuvré à sa réalisation.



La relève est assurée

Samedi 23 mai 2015

Semis de spores

Quand j’ai commencé à m’intéresser aux fougères, j’étais loin de me douter que les quelques exemplaires des débuts se transformeraient en une collection de plus de 300 sujets.

Collectionner du vivant n’est pas une tâche facile, et parfois il m’arrive d’envier les philatélistes qui peuvent toujours momentanément mettre de côté leur collection sans pour autant la mettre en péril. Avec des plantes cela n’est pas possible car elles sont entièrement dépendantes des soins que nous leur prodiguons. Mais quelle récompense, quand au bout de plusieurs mois de soins, on voit enfin la vie émerger !

Certaines des plantes que j’ai eu l’opportunité d’acquérir il y a quelques années sont aujourd’hui malheureusement introuvables ailleurs que dans les collections. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient particulièrement difficiles à cultiver, bien au contraire, mais qu’elles ne sont tout simplement pas diffusées. De ce constat a naturellement surgi la nécessité de sécuriser la collection en multipliant les plantes dont je n’avais qu’un seul et unique exemplaire.

Concernant les fougères, la propagation végétative reste de loin le moyen de multiplication le plus simple et le plus rapide. Bien qu’y ayant souvent recours par commodité, je reste persuadée que le semis de spores, même s’il est long et aléatoire, permet d’obtenir des plantes plus vigoureuses et mieux adaptées à leur nouvel environnement que  la plante mère. Le problème avec le semis de spores est qu’il n’y a pas de demi-mesure. Soit c’est un fiasco total, soit  on se retrouve avec des dizaines de plantes dont on ne sait pas quoi faire.

La photo du dessus montre une petite partie des semis de spores réalisés il y a 3 ans. Ce sont majoritairement des espèces tropicales épiphytes que je cultive en intérieur, sans aucune difficulté, depuis plusieurs années. Parmi celles-ci figurent

Serpocaulon levigatum (syn Polypodium levigatum)

Microgramma squamulosa

Goniophlebium subauriculatum

Provenant de division et bien établies

Goniophlebium subauriculatum ‘Knightiae’

Arachniodes davalliaeformis

Coniogramme intermedia

Asplenium oblongifolium

Autres

Asplenium oblongifolium x bulbiferum

Doodia sp. je pense qu’il s’agit, sans pouvoir l’affirmer de Doodia caudata

Pyrrosia polydactyla

J’ai également procédé ce printemps à la division dautres fougères pour lesquels il faut attendre encore un peu qu’elles  soient complètement établies

Blechnum magellanicum

Blechnum discolor

Blechnum mochaenum

Lastreopsis glabella

Lastreopsis hispida

Campyloneurum angustifolium

Bref, si vous êtes intéressés par ces plantes ou par d’autres encore, n’hésitez pas à m’écrire à fernatic@free.fr, elles ont besoin d’un nouveau foyer d’urgence.

Pyrrosia lingua var. lingua

Samedi 12 juillet 2014

Pyrrosia lingua var.lingua

Après avoir présenté plusieurs cultivars de Pyrrosia lingua je me suis aperçue que j’avais oublié de montrer l’espèce type.

Pyrrosia lingua est une fougère épiphyte ou épilithe, appartenant à la famille Polypodiaceae, dont l’ aire de distribution recouvre le Japon, la Chine, Taïwan, l’ Asie du Sud Est et l’ Inde. L’ espèce comporte deux variétés, Pyrrosia lingua var. lingua et Pyrrosia lingua var. heteractis . La première, Pyrrosia lingua var. lingua, est la plus largement diffusée et elle a donné naissance à de nombreuses formes en culture. Dans la nature elle se montre plus volontiers épilithe qu’ épiphyte et on la trouve à des emplacements dégagés, sur les pierres, les murs ou encore sur les rochers en bord de mer. La seconde, Pyrrosia lingua var. heteractis, se montre plus volontiers épiphyte et recherche les situations plus ombragés. La principale différence entre les deux variétés réside selon Hovenkamp dans l’ indument qui est monomorphique pour la variété lingua et dimorphique pour la variété heteractis. La seconde se démarque également par la forme du limbe plus large et par l’ apex cuspidé, c’est-à-dire qu’il est terminé par une pointe aiguë.

On peut déduire de l’ habitat naturel de Pyrrosia lingua var. lingua qu’il s’agit là d’ une fougère très résistante à la chaleur et à la sécheresse, ce qui en fait une candidate idéale pour les jardins du midi, mais comme elle rustique jusqu’en zone 6 elle peut également être cultivée dans une large partie de notre pays. Il faudra toutefois faire particulièrement attention au drainage car elle redoute les excès d’ humidité, surtout en hiver. Cette difficulté peut alors être contournée par une culture en panier. La croissance est lente et les boutures mettent beaucoup de temps  à s’enraciner ce qui explique les prix élevés dans le commerce.

Fougères et tillandsias

Samedi 24 mai 2014

Fougères et tillandsias

Si les tillandsias sont souvent plantés en association avec les orchidées, en revanche on pense moins souvent à les associer à des fougères. L’association fonctionnera naturellement mieux avec des fougères épiphytes qui partagent avec les tillandsias les mêmes types d’habitats, que ce soit la pierre ou l’écorce des arbres.

Cette composition sur panneau de liège associe différentes formes de Tillandsia ionantha dont le cultivar ‘Mexico’ qui a récemment fleuri, Tillandsia fuchsii et une fougère épiphyte, de culture très facile, Microgramma vaccinifolia. Les plantes s’entendent à merveille et il est amusant de voir les rhizomes rampants de Microgramma vaccinifolia entourer délicatement la base des tillandsias et leur servir de maintien, toutes ces plantes étant maintenant fermement accrochées au liège. L’ensemble est fixé juste à côté d’une fenêtre exposée au sud car cette composition demande une exposition très lumineuse pour bien se développer. L’entretien est d’une simplicité enfantine puisqu’il consiste à vaporiser l’ensemble régulièrement et à fertiliser de temps à autre avec une engrais pour orchidées très dilué car ce sont des plantes très frugales qui ont surtout besoin de beaucoup de lumière.

Pour un nouvel exotisme au jardin de Jean-Michel Groult

Samedi 23 novembre 2013

Il y avait  longtemps que je n’ avais pas présenté un livre et celui-ci est un vrai coup de coeur. Parmi la jungle de tous les ouvrages qui paraissent sur le jardinage et les plantes, bien peu présentent un véritable intérêt. Ce n’ est pas le cas de cet ouvrage de Jean Michel Groult, Pour un nouvel exotisme au jardin, qui suscite une profonde réflexion sur notre relation aux végétaux exotiques, au jardin et plus globalement au monde.

Cet attrait pour l’ exotisme dont on peut supposer qu’ il n’ est pas inné en nous remonte à la fin du Moyen Age avec les premières explorations. Si la quête de l’ ailleurs, de l’ exotisme qui selon Bertrand Levy  ‘présuppose une dose de confiance, de bienveillance et de curiosité pour l’ autre et le différent’ a permis à l’ Europe de s’ ouvrir sur le reste du monde, la noblesse de la démarche a vite cédé le pas à la rapacité face à des intérêts commerciaux évidents, au pillage systématique des richesses nouvellement découvertes, puis à la colonisation qui s’en est ensuivie.

Loin des clichés touristiques la plante exotique traîne un lourd passé derrière elle.

La découverte de nouveaux horizons a fait évoluer notre conception du jardin. Du jardin médiéval enclos, renfermé sur lui-même, l’ hortus conclusus, nous sommes passés au jardin cosmopolite où se côtoient des plantes originaires de tous les continents, une invitation au voyage immobile. Les plantes exotiques qui dans le passé étaient réservées à une élite fortunée se sont démocratisées et sont à présent accessibles à tous. Cet engouement a malheureusement pour conséquence le risque de raréfaction pour certaines espèces prélevées dans la nature car leur développement trop lent les rendraient trop couteuses à produire en culture, on pensera par exemple aux plantes à caudex. L’ introduction de plantes exotiques  peut également faire encourir un danger pour nos espèces indigènes au cas où elles viendraient à s’ échapper des  jardins et à se montrer invasives.

Face à ces enjeux écologiques quel est l’ avenir des plantes exotiques dans nos jardins ?  Cette quête passionnée et parfois déraisonnable quand elle traduit par le déploiement de moyens disproportionnés pour maintenir péniblement en vie certaines exotiques en dépit d’ un climat manifestement défavorable est-elle tenable à long terme ? Et puis ne risque t-on pas d’ assister à une standardisation des jardins dont le déjà classique trio palmier phormium et olivier est un funeste présage ? Trop d’ exotisme tue l’ exotisme et au train où vont les choses la présence d’ un noisetier ou d’ un sureau dans nos jardins fera bientôt  figure d’ incongruité. Déjà dans les jardineries, les végétaux considérés comme gélifs représentent la moitié des plantes mises en vente, ce qui est proprement ahurissant dans un pays au climat tempéré. Pourtant il existe quantité de plantes pouvant être qualifiées d’ exotiques en raison de leur origine géographique éloignée qui se montrent rustiques sous notre climat.

Ceci signifie t-il pour autant que nous devions renoncer au jardin exotique parce qu’il serait un luxe trop couteux au regard de notre environnement ? Non car notre besoin de rêve et d’ évasion seront toujours plus forts, mais le jardin exotique de demain sera forcément différent. Pour découvrir les 7 chemins imaginés par Jean Michel groult qui y mènent, je vous invite à lire ce livre passionnant et rempli d’ humour.