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La toxicité de la fougère aigle (Pteridium aquilinum)

Vendredi 25 avril 2008

La fougère aigle (Pteridium aquilinum) est la seule représentante du genre Pteridium.

Cette plante extrêmement invasive, à la répartition cosmopolite, est la plus commune de toutes les plantes vasculaires. A tel point qu’autrefois on croyait que toutes les fougères aigles rencontrées dans le monde provenaient d’une unique plante mère qui aurait étendu ses rhizomes souterrains par delà les continents !

Cette croyance populaire illustre bien l’agressivité de la plante qui est un fléau redouté par les éleveurs dans les pâturages, bien qu’elle ait pu être utilisée dans certaines régions comme litière, une fois séchée.

La fougère aigle est toxique pour l’homme, le bétail et les insectes.

Des études ont montré sa forte toxicité, en particulier des effets carcinogènes, attestés par une fréquence accrue de cas de cancers de l’estomac chez les populations consommant des crosses de fougère aigle bouillies comme légume, comme c’est le cas en Asie et au Japon.

Il semblerait toutefois que ce type d’affection soit plus rarement rencontré chez les populations indiennes d’Amérique du Nord, peut être à cause du mode de consommation différent qui réduirait la toxicité. Les rhizomes sont en effet transformés en farine après séchage et torréfaction.

Quoi qu’il en soit, la consommation de fougère aigle, sous n’importe quelque forme, est fortement déconseillée !

Sa réputation comme insecticide n’est pas usurpée car elle possède plusieurs armes chimiques. Elle contient une hormone qui déclenche chez les insectes une mue prématurée conduisant rapidement à leur mort . Et comme si cela n’était pas encore suffisant, elle est capable de produire localement de l’acide cyanhydrique si un insecte vient à grignoter une de ses feuilles.

Plus étonnant encore, la fougère aigle est aussi toxique pour les autres plantes. Ce phénomène appelé allélopathie expliquerait son incroyable succès écologique. En effet, en se décomposant les frondes libèrent des substances chimiques qui empêchent la germination des autres plantes, la préservant ainsi de toute concurrence.

Cette toxicité était déjà connue dans l’Antiquité puisque Pline disait que le meilleur moyen de détruire la plante consistait au printemps quand les nouvelles frondes se déploient, à les frapper avec un bâton, de façon à casser les rachis pour que la sève s’écoule et tue les rhizomes.

Cette hypothèse de l’auto toxicité de la plante semble confirmée par l’observation de vastes peuplements de fougère aigle qui, après de nombreuses années, semblent dégénérer et disparaitre spontanément.

On a également observé depuis quelques décennies une baisse notable de la production de spores, au point que de nombreux peuplements de fougère aigle soient à présent stériles. Il est probable qu’avec un tel arsenal chimique et autant de moyens d’assurer sa pérennité la plante ressente moins le besoin de consacrer de l’énergie dans la production de spores.