Je veux parler bien sûr des fougères cultivées en intérieur, les fougères de jardin n’étant généralement pas touchées par ce problème.
Le puceron le plus fréquemment rencontré sur les fougères est noir avec des pattes blanches , enfin pour voir la couleur des pattes, il faut vraiment y regarder de très près !
Son nom est Idiopterus nephrolepidis. Il affaiblit les plantes en absorbant leur sève, causant la distorsion des frondes et contrariant leur bon développement car il s’attaque aux tissus encore jeunes, plus faciles à perforer.
Les pucerons sont plus fréquents au printemps quand la croissance des plantes redémarre. A ce moment de l’année on peut observer les adultes qui sont ailés. Afin de limiter les dégâts, il faut surveiller régulièrement les plantes toute l’année et ne pas hésiter à intervenir avant que l’infestation ne soit trop grave et la plante trop affaiblie.
Les fougères sont des plantes sensibles aux substances chimiques, en particulier les frondes des Adiantum peuvent être rapidement brûlées par des applications inappropriées.
Cela fait maintenant de nombreuses années que j’ai renoncé à tout traitement insecticide au jardin, faisant confiance aux insectes auxiliaires qui gèrent très bien les choses. Malheureusement les pucerons sur les plantes d’intérieur ne possèdent pas de prédateur, alors à un moment donné on est bien forcé d’intervenir.
A la recherche de solutions, j’ai passé en revue les différentes alternatives possibles aux traitements chimiques.
Il y a d’abord les traitements utilisables en agriculture biologique à base de roténone ou de pyrèthre, des substances végétales dont on sait à présent qu’elles ne sont pas si inoffensives qu’on le pensait autrefois. Je préfère les éviter.
Les purins et autres décoctions végétales (ortie, ail …). Pas faciles à utiliser à l’intérieur à cause de l’odeur. L’extrait de neem, un arbre indien (Azadirachta indica) est parait-il très efficace, mais je n’ai pas réussi à en trouver.
La pulvérisation d’eau seule ne suffit pas, un grand nombre de pucerons restant accrochés. Sinon on se demande comment ils feraient pour résister aux averses.
La pulvérisation d’eau savonneuse est déjà plus efficace même si son action n’est que répulsive.
Utilisatrice convaincue des plantes médicinales, l’idée de soigner les plantes par les plantes me semble aller de soi. J’ai donc cherché comment améliorer la traditionnelle formule de l’eau savonneuse au moyen d’extraits de plantes.Dans le domaine de la lutte contre les insectes, les plantes aromatiques semblent s’imposer. Elles sont rarement attaquées par les insectes et la forte odeur qu’elles dégagent les éloignent. Les huiles essentielles de plantes sont une forme pratique à utiliser.
Parmi les huiles essentielles réputées pour leur action insectifuge (faisant fuir les insectes) ou leur action insecticide (tuant les insectes) on peut citer entre autres :
L’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora), la citronnelle de Ceylan (Cymbopogon naardus) et la citronnelle de Java (Cymbopogon winterianus) qui contiennent du citronnellal.
Le camphrier du Japon (Cinnamomum camphora) et le romarin camphré (Rosmarinus officinalis camphoriferum) qui contiennent du camphre.
Le clou de girofle (Eugenia caryophyllata) et les feuilles de cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum) qui contiennent de l’eugénol.
L’écorce de cannelle de Ceylan qui contient de l’aldéhyde cinnamique.
Le cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica) réputé pour éloigner les puces et les mites.
De cette sélection j’ai retiré le clou de girofle et la cannelle de Ceylan qui sont dermo-caustiques. Je ne sais pas si les frondes de fougères ont la même sensibilité que notre peau à ces substances, mais dans le doute je me suis abstenue. Il ne faudrait pas non plus que le remède soit pire que le mal…
J’ai donc utilisé l’eucalyptus citronné dont j’avais un flacon sous la main et j’ai essayé la formule suivante :
1l d’eau
1c. à soupe de savon noir liquide
10 gouttes d’huile essentielle d’eucalyptus citronné
L’ajout de savon noir est indispensable car il fait office de dispersant, les huiles essentielles n’étant pas solubles dans l’eau. Il faut bien mélanger avant utilisation.
Pour la pulvérisation il faut coucher le pot afin que le liquide ne pénètre pas trop dans le terreau. Tout en pulvérisant, passer la main sur les frondes pour récupérer les pucerons qui tombent et passer régulièrement la main sous un filet d’eau pour s’en débarrasser. Après avoir laissé en contact un moment, un bon quart d’heure, rincer soigneusement à l’eau le feuillage et le terreau afin de les débarrasser des résidus d’eau savonneuse.
J’ai obtenu de bons résultats avec cette formule, même les jeunes frondes d’Adiantum n’ont pas été brûlées. Par rapport à l’eau savonneuse seule, l’efficacité est nettement meilleure.
Des essais avec d’autres huiles essentielles seraient intéressants à faire. La citronnelle de Ceylan (Cymbopogon naardus) et la citronnelle de Java (Cymbopogon winterianus) contiennent beaucoup plus de citronnellal que l’eucalyptus citronné. On peut penser qu’elles seraient encore plus efficaces.